24 mars 1859

Guernesey, 24 mars 1859, jeudi, 8 h.

Bonjour, mon doux adoré ; bonjour, mon cher bien-aimé ; je te bénis et je te souris. J’espère que tu as enfin passé une bonne nuit tout entière à bien dormir et que tu vas bien ce matin. Quant à moi, je vais TROP bien, je n’ai plus de mal de tête et je t’aime plein mon cœur. Je vois avec joie que vous allez finir par vous entendre, toi et ta chère famille, à votre propre satisfaction personnelle chacun d’elle et de toi. Quant à NOUS, mon cher bien-aimé, je serai toujours prête à faire ce que tu voudras, quand tu voudras et comme tu voudras, c’est bien entendu. Le jour où PHYSIQUEMENT^a, je ne pourrai plus te suivre, je te supplierai de me laisser là sans regret et sans remords car mon plus grand désespoir en ce monde serait de faire obstacle à ta santé, à ton bonheur et à ta vie. Mais, autant que mes forces me le permettront et que tu voudras me supporter, j’irai avec toi partout où il te plaira^b d’aller. En attendant je fais vie qui dure ici : heureuse si tu es heureux, triste si tu es triste, torturée si tu souffres et t’aimant toujours de plus en plus.
Pense à moi, mon cher petit homme, et apporte-moi ta chère belle tête à baiser le plus tôt possible.

BnF, Mss, NAF 16380, f. 77
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette

a) « PHISIQUEMENT ».
b) « plaîra ».