Guernesey, 22 février 1859, mardi matin, 9 h.
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour de toutes les forces de mon cœur. Il y a déjà bien longtemps que j’ai salué de l’âme et des yeux ta chère petite PIAULEa dans laquelle tu PIONCES, car je suis levée depuis sept heures ¼. Ce qui n’avanceras pas une minute plus tôt le bonheur de te voir, hélas ! mais ce qui me permettra de donner mon linge à la blanchissarde à peu près raccommodé. Je suis allée aussi pour voir ma belle Vasque Hollandaise et tâcher de découvrir un coin de ton splendide tapis. Mais je n’ai absolument rien vu, quoique je pense qu’on l’a étalé de nouveau sur les dalles ce matin. Mais je m’en rapporte à toi et je suis bien contente que tu l’aies. Quant à l’horloge, je suis très heureuse d’avoir contribué pour ma petite part à ce que tu l’aies, quoique jusqu’à présent cette négociation ait procuré peu de plaisir et encore moins d’honneur à ceux et à celles qui s’en sont occupés. Malgré le zèle officieux des Marquand et leur indignation plus ou moins sincère, je crois qu’elle te serait gaillardement passée sous le nez, la susdite horloge, sans la STUPIDITÉ bien intentionnée de Miss Ailex [1] et sans (car il faut que j’aie aussi ma part du coche) mon insistance à te la faire acheter. De tout quoi je te félicite et je te baise à l’heure, à la minute, à la seconde pendant l’éternité.
BnF, Mss, NAF 16380, f. 51
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette
a) « piole ».