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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 30 novembre 1860, vendredi matin, 8 h.

Bonjour, mon cher adoré bien-aimé, bonjour, je te souris, je t’aime et je serai bien heureuse si tu as passé une bonne nuit et si tu te portes bien ce matin. Quant à moi, j’ai mieux dormi cette nuit que les précédentes mais cela n’est pas encore bien fameux. Aussi j’attendais le jour (qui n’est pas venu et qui ne viendra pas de la journée je le crois) avec impatience pour pouvoir me lever. En attendant qu’il se décide à allumer sa chandelle ce bon jour, moi je fais flamber ma restitus de tout mon amour et je fais feu de toutes mes tendresses et de tous mes baisers et puisque j’en suis aux métaphores il n’a pas tenu à QUESNARD de jeter la grosse cendre sur notre pauvre petite gaieté hier au soir [1]. Malgré tous ses efforts, toute sa mauvaise humeur et son gonflement ridicule nous avons persisté à être très joyeux mais je craindrais cependant que la susceptibilité prétentieuse et bête de ce gros mauvais bonhomme ne finisse par t’impatienter et n’amène entre toi et lui quelque fâcheuse rupture. à ta place, mon cher bien-aimé, je ne ferais pas à ce stupide et important personnage l’honneur de rire avec lui et je le laisserais dans sa bisque majestueuse et dans sa rage superbe chaque fois qu’il [perdra ?] au loto. J’en avertirais de même la pauvre Mme Engelson afin qu’elle rentre son enjouement et qu’elle surveille sa gaieté qui ne demande qu’à se produire et à se ranimer à notre contact. Mais je m’aperçois que ce gros bêtata a pris toute la bonne place de ma restitus si bien qu’il ne me reste à peine que celle de [illis.] mon âme et mes baisers.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 307
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « bêta ».

Notes

[1Tous les jeudis soir, Juliette reçoit Victor Hugo chez elle, souvent avec Kesler qu’elle surnomme Quesnard. Il leur arrive souvent de jouer au loto.

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