9 octobre [1836], dimanche soir, 10 h. ½
Je l’avais trop bien deviné, mon cher bijou, que vous iriez à Fourqueux [1]. Je voudrais bien suivre notre précepte et vous attirer avec de la joie, mais je ne peux pas. J’ai le cœur triste et j’ai bien envie de pleurer. Mme Pierceau est pourtant venue à cinq heures et ne fait que s’en aller à présent. Mais la certitude que vous n’étiez pas à Paris et que je ne vous verrai pas cette nuit m’a empêchée d’être gaie et de bonne humeur. Je n’ai rien décidé quant aux arrangements de haillons, je n’y vois pas grand profit et je veux consulter avec toi avant que d’en charger Mme Pierceau. Je vous aime, mon cher Toto. Vous étiez si pressé de partir que vous avez craint en m’apportant les journaux de me donner une seconde fois le bonheur de vous embrasser. C’est très bien mais c’est peu amoureux. Bonsoir, donc, vilain méchant homme. Dormez, c’est ce que vous pouvez faire de mieux quand vous ne couchez pas avec moi. Je vous aime.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16328, f. 22-23
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette