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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 24 déc[embre] [18]72, mardi matin 8 h.

Je jette mon cœur après ta cognée, qu’il devienne ce qu’il pourra, tant pis. J’ai beau vouloir lui donner toutes les satisfactions possibles, je ne parviens qu’à le démoraliser et à l’attrister, donc j’y renonce. Prends-le si tu veux et fais-en des choux, des raves puisque je sais si mal m’en servir qu’il est toujours mécontent de quelque façon que je m’y prenne. J’espère que tu as passé une bonne nuit digne de tout le bien que tu fais et de tout celui que tu veux faire. Je ne sais pas à quelle heure tu viendras aujourd’hui, mon pauvre génie de somme, mais tu es sûr de trouver tout prêt la monnaie dont tu as besoin et la note explicative destinée à Mme Lanvin pour les commissions qu’elle aura à faire pour toi et pour moi. Je t’expliquerai par le menu quand je te verrai comment je comprends qu’elles doivent être faites, tu pourras en modifier la forme comme tu voudras avant d’envoyer la susdite note. Cher adoré, autant je suis furieuse contre moi, autant je t’adore et je te bénis. Ce n’est pas ta faute si je ne sais pas mieux me servir de mon amour et si malgré toutes tes bontés ineffables et charmantes je suis la plus inguignonnée [1] des femmes.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 354
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Adjectif inventé par Juliette construit sur l’expression « avoir du guignon », de la mauvaise chance.

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