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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 7 nov[embre] [18]72, jeudi matin, 7 h. ½

Mon bien-aimé adoré, je viens de te rendre au centuplea les deux baisers que tu m’as envoyés tout à l’heure à travers l’espace. Je les ai tout de suite enfermés dans mon cœur comme dans une volière avec tous ceux que j’ai reçus de toi depuis que je t’appartiens. Ton adorable petit mot d’hier [1] soir n’a fait qu’un va-et-vient de mon cœur à mes lèvres et de mes lèvres à mon cœur toute la nuit car j’ai très peu dormi. Je ne m’en plains pas, au contraire, puisque cela m’a permis de repasser année par année, jour par jour et heure par heure ton ineffable et inépuisable bonté pour moi. Puis j’ai prié Dieu de toute mon âme de te donner le bonheur sous toutes les formes, depuis la plus petite, celle d’être passionnément aimé par moi, jusqu’à la plus grande, celle d’être réunis à tes chers petits-enfants. J’espère qu’il m’a entendu et qu’il te rendra bientôt ces adorables petits êtres en même temps que leur jeune mère et que ton cher petit Victor [2] ; tous bien portants, tous souriantb, tous te bénissantc, tous t’adorantd, tous heureux et radieux comme toi-même. En attendant, je suis bien contente de la bonne nouvelle que tu ase reçue hier de ton fils. J’ai relu tout à l’heure sa petite lettre sans y trouver trace de préoccupationf et encore moins de tristesse de son petit bobo. J’espère qu’il n’en sera plus question dans quelques jours. C’est avec cette conviction que je baise tes pieds avec adoration.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 308
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

a) « centuples ».
b) « souriants ».
c) « bénissants ».
d) « t’adorants ».
e) « a ».
f) « préocupation ».

Notes

[1« Je t’adore. Ne me désole pas. / Crois-moi, par nos anges. » Lettres à Juliette Drouet, éd. Jean Gaudon, Fayard, 2001, p. 268.

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