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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 15 oct[obre] [18]72, mardi matin, 7h. ½

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour je t’adore. Je crains que tu n’aies eu comme moi une forte insomnie à en juger par l’heure à laquelle tu t’es levé ; puissé-jea me tromper ; Dieu sait à quel pointb je le désire. S’il dépendait de moi, au lieu de te voir rationner impitoyablement ton sommeil tous les matins je te le donnerais à discrétion et même à indiscrétion tous les jours. Je te remercie, mon cher adoré, de ta bienveillante sollicitude pour Blanche. Elle en a besoin et elle le mérite. Seulement, permets-moi d’en mesurer et d’en régler l’application. Ton habitude en toute chose étant de faire grand, surtout en générosité, il arrive souvent que tu outrepassesc le but pour ceux que tu veux protéger et servir. C’est encore le cas cette fois-ci pour Blanche. Ce qu’elle regrette de Paris ce ne sont pas tant les distractions qu’on y trouve et qu’elle n’a jamais prises puisqu’elle ne sortait jamais et qu’elle habitait à Neuilly chez ses parents adoptifs. Ce qu’elle regrette, à l’honneur de son cœur et de sa reconnaissance, ce sont ces mêmes parents dont elle n’avait jamais été séparée avant d’entrer chez moi. Aussi, si tu m’en crois, loin de vouloir l’envoyer à Paris à tes frais, je ferais venir la mère [1] passer l’hiver ici ou au printemps ou pas du tout si cela te paraît avoir des inconvénients que je ne prévois pas en ce moment. Sa nourriture ne pèserait pas beaucoup car elle est d’une très petite vie et elle pourrait rendre beaucoup de petits services à toi et à moi par toutes sortes de soins bien entendus et de travaux à l’aiguille. Au reste, mon adoré, tu en feras ce que tu voudras. L’important est que tu sois content et que je t’adore et que tu m’aimes.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 286
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

a) « puissai-je ».
b) « quelle point ».
c) « outrepasse ».

Notes

[1Mme Lanvin.

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