4 août 1872

Paris, 4 août [18]72, dimanche soir, 4 h. ½

Tu as raison, mon cher bien-aimé, de ne pas vouloir laisser derrière toi tes deux chers petits-enfants et de prendre patience jusqu’à ce que leur mère soit prête à t’accompagner avec eux à Guernesey. Quant à moi, plutôt que de te voir une minute de souffrance de ce côté-là, je me résigne à être la stylite du voyage en restant éternellement un pied posé sur ma belle malle neuve et l’autre dans l’atmosphère. Donc attendons qu’il plaise à ta jeune bru de se mettre en route. Je suis très contente d’avoir terminé le compte de Charroin qui en somme a rendu gorge de 185F. sur un mémoire 1,583F. Une autre fois^a si tu te sers de lui il faudra te tenir sur tes gardes et prendre tes précautions pour l’empêcher d’enfler trop son mémoire. Tu vois que je fais en conscience mon métier de mouche du coche car je ne laisse passer aucune occasion, et au besoin j’en créerais^b, de bourdonner autour de ton Tien, de coche. C’est une manière plus embêtante encore pour toi que toutes les autres de te montrer que je ne pense qu’à toi, que je m’occupe que de toi, que je t’aime et que je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 223
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

a) « autrefois ».
b) « créérais ».