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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 novembre [1835], vendredi matin, 9 h. ¾

Bonjour, mon cher adoré, ne t’étonne pas de l’exiguïté de mon papier. Cela tient à un mal de tête et de gorge tellement violent que je ne sais comment me tenir et comment avaler ma salive. Je m’en vais user du fameux remède, les ronces et le miel plus un bain de pieds. Avec tout cela j’aurai bien du malheur si je n’enraye pas cet atroce bobo.
Mon cher petit homme chéri, rendez grâce au petit format de mon papier qui ne me laisse pas assez de place pour vous dire toutes les injures que mérite votre conduite. Mais pour qu’elle ressorte encore davantage, j’ajoute 18 h. aux autres 18 h. déjà presque écoulées pour tenir la promesse que vous m’avez faite après lesquelles vous serez encore l’homme le plus aimé et moi la femme la plus malheureuse.
Adieu, mon petit homme chéri. À ce soir.
Je vous donne en grand ce que mon papier contient en abrégé.
Je vous donne mon cœur avec tout mon amour.

J.

BnF, Mss, NAF 16325, f. 138-139
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette


20 novembre [1835], vendredi soir, 8 h. ¼

Ma lettre est petite mais mon amour est grand. Voilà la compensation, mon pauvre cher petit bijou. Nous sommes bien mareuleux [1] et vous, un mal de gorge bien perfide. Depuis que tu m’as quittéea, j’ai fait tous mes efforts pour ne pas manger beaucoup mais je dois convenir que j’ai très peu réussi et que la gueulardiseb l’a emporté sur le mal.
Mon cher petit homme, je t’aime de toute mon âme. Je t’admire de toutes mes forces. Je ne conçois rien au-dessus de toi, pas même Dieu.
J’ai faim et soif de toi. Le jour où je te tiendrai face à facec, j’en prendrai une si grosse bouchée de toi qu’il n’en restera plus pour la fois d’ensuite.
Oui, oh oui, je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16325, f. 140-141
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « tu m’as quitté ».
b) « la geulardise ».
c) « facce à face ».

Notes

[1Déformation volontaire de « malheureux ».

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