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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Bordeaux, 28 février [18]71, mardi, 2 h. après-midi

J’ai bien de la peine, mon cher bien-aimé, à prendre mon parti de ne pouvoir ni te voir, ni t’entendre dans cette malveillante et inepte chambre si improprement appelée Assemblée Nationale. La pensée que peut-être tu t’apercevras de mon absence et que tu me plaindras ne suffit pas à me consoler de cette déception imméritée. Pour comble de guignon, je suis menacée de ne pas dîner avec toi ce soir. Si j’étais sûre de cette dernière mystification, je brûlerai la politesse au citoyen Lanta [1] et même je n’y retournerais jamais pour essayer de rompre la malchance qui me suit à toute heure et en tout lieu depuis le premier treize du premier janvier 1871. Dans ce moment-ci, j’entends Petite Jeanne qui pleure, ce qui n’est pas tout-à-fait pour m’égayer davantage. Pendant ce temps le ban et l’arrière-ban des domestiques de Mme Charles et de la propriétaire s’acharnent à qui mieux mieux pour bourrer de truffes une monstrueuse dinde. Rochefort a déjeuné ce matin avec ton fils et il est parti quelques minutes après toi. Je viens de donner la clef des champs à Suzanne et à Mariette. Je suis si triste que j’ai besoin de sentir que quelqu’un s’amuse autour de moi. Toi, je te bénis et je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16392, f. 12
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette

Notes

[1À identifier.

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