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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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19 octobre [1835], lundi matin, 9 h.

Bonjour, mon bien bien-aimé Toto, comment vas-tu ce matin ? Bien fatigué, n’est-ce pas ? Pauvre cher petit Toto, j’aurais voulu que tu passes venir te réchauffer, te reposer et dormir dans mes bras. J’aurais eu bien soin de ne pas troubler ton sommeil. Je t’aurais caressé si doucement que tu ne t’en serais aperçua qu’à tes rêves qui auraient été charmants.
J’ai pensé à toi bien souvent cette nuit car j’ai peu dormi à cause de mes coliques périodiques, et puis même dans mes rêves, je ne m’occupais que de toi. J’étais bien heureuse et toi aussi. Il me semble que mes rêves se rapprochent un peu de la réalité.
Je t’écris de mon lit où je suis enfouie pour les mêmes raisons de température qu’hier. Je viens de faire acheter un peu de bois car je prévois que la journée sera piquante.
Mon cher petit Toto, j’espère que tu vas venir bientôt et cela me rend gaie et heureuse. Je n’ai pas besoin d’autre chose. Te voir, t’aimer et être aiméeb de toi, voilà ce qu’il me faut. Le reste vient quand il peut et comme il veut. Ça m’est égal.
Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16325, f. 19-20

Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « apperçue ».
b) « aimé ».


19 octobre [1835], lundi soir, 8 h.

Mon cher petit homme, c’est toujours la même chose que j’ai à vous dire : je vous aime. Dans l’espace de 11 h. qui s’est écoulé d’une lettre à l’autre, le seul événement qui ait eu lieu c’est que je vous ai aimé de toutes les forces de mon âme. Ce que je prévois pour l’avenir, c’est que je vous aimerai jusqu’à mon dernier soupir.
Lanvin n’est pas encore venu. Peut-être même ne viendra-t-il pas du tout dans le cas où son poste serait trop éloigné de la maison, ce qui m’arrangerait assez bien vu l’état harélien [1] où nous nous trouvons. Et comme il me paraît peu probable qu’un bienfaisant cuilleriste vienne à notre secours, je commence par économiser sur la MARMITE.
Vous avez été fièrement gentil aujourd’hui, surtout au moment où vous m’avez promis un ajustement de coup de poings et une parure de gifles pour complétera mes toilettes ravissantes de cet hiver. Vous étiez d’autant plus charmant en faisant les rodomontades que je ne vous crains pas, et que je serai belle malgré que vous en ayez. Han, han ! Et que je vous aimerai et que je vous ferai bisquer.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16325, f. 21-22.

Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « completter ».

Notes

[1Hugo, à cette date, est brouillé avec Harel.

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