24 novembre 1868

Guernesey, 24 novembre [18]68, mardi matin, 8 h

Bonjour, jour ou non. Je me lève tout chaud, tout bouillant, et vous ? Je vous adore, et toi ? Comment la nuit ? La mienne, panachée de sommeil et de douleurs atroces. Somme toute, cœur plein d’amour, âme radieuse et santé excellente. Êtes-vous content, MOSIEU ? J’ai eu hier un grand plaisir de montrer ma belle chambre, parée et illuminée, à ce brave M. Pyrke qui n’y entend rien du tout, sinon que c’est très beau et que tu es un aussi grand artiste que grand poète et que ton génie universel se prête à tout : à la délivrance des peuples et à la décoration [de ma  ?] chambre. Ça été une occasion de plus pour moi de m’enorgueillir de ta bonté et de sentir que j’en suis digne à force d’amour. Ce mot : amour, me fait penser à la cour assidue que [illis.] nous fait depuis quelque temps. Je crains que ce ne soit au détriment de celle qu’il doit à sa femme. Laquelle, comme Agamemnon, s’en fiche bien au reste [1], et moi aussi. À preuve que je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 323
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette