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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 15 novembre [18]68, dimanche matin, 7 h. ½

Bonjour, mon cher bien-aimé. Je t’envoie mon sourire, mes baisers, ma prière dans ce seul mot : je t’aime. J’espère que tu as bien dormi. Moi aussi, j’ai bien dormi et je dormirais peut-être encore sans le chant imprévu de mon coqa sous mes fenêtres. Voici ce qui s’était passéb : le vent avait ouvert la porte du poulailler et mes scélérates de cocottes en avaient profité pour battre les buissons de mon gazon. Mais le garde-champêtre Suzanne est arrivé mettre le hola à ce braconnage de petite futaie et les a immédiatement fourrées dans leur violon sans tambour ni trompettec pendant que je te procès-verbalise cet événement local. Autre guitare, c’est aujourd’hui que la jeune Griffon reprend la libre pratique de ses pattes de derrière remises à neuf, non sans peine. Sa joie est telle qu’elle s’en est levée une heure plus tôt. Quant à Suzanne qui, elle aussi, aurait le droit de mettre sa jambe en fourrière au moins aujourd’hui, [elle] préfère aller à la messe à se reposer. Ça n’est ni prudent ni raisonnable mais je la laisse faire pour ne pas user mon autorité inutilement. Et puis j’ai bien autre chose à te dire que toutes ces billevesées. D’abord tu es mon grand, mon vénéré, mon sublime bien-aimé adoré qui remplit ma pensée, mon cœur et mon âme d’admiration, de tendresse et de bénédictions.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 314
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « mon cocq ».
b) « ce qui c’était passé ».
c) « ni trompettes ».

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