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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Bruxelles, 20 août [18]68, jeudi matin, 7 h. ¾

Je serais bien heureuse, mon grand bien-aimé, de savoir que ta nuit a été aussi parfaitement bonne que la mienne et que la santé de tout ton cher monde est aussi excellente que la mienne ce matin. J’espère que tout est comme je le souhaite et je m’en réjouis cœur et âme d’avance. Je pense que je sortirai tantôt après déjeuner si le temps reste aussi beau que maintenant. Peut-être irai-je comme je te l’ai dit rue du Midi à l’hospice des orphelines pour mes rideaux de damas. Dans tous les cas, je serai rentrée à deux heures. Chemin faisant, j’achèterai des perles d’éther [1] et de l’éther en flacon puisque le bon docteur Laussedat croit que cela peut calmer ma douleur de côté dont je souffre toujours cruellement tous les matins. Tu vois que ma sortie est suffisamment justifiée en dehors même de l’hygiène. Pense à moi, mon adoré bien-aimé, et aime-moi comme je t’aime pour combler l’écart involontaire entre nos deux existences ici.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 229
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Perles d’éther : capsules contenant de l’éther sulfurique.

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