7 décembre 1840

8 décembre 1840

7 décembre [1840], lundi soir, 6 h. ¼

Je me suis débarbouillée et habillée très sommairement, mon amour, mais je suis heureuse de ma petite journée et je ne la donnerais pas contre dix millions de milliards plus grandes et plus longues pendant lesquelles j’aurais eu le temps de m’éplucher, de me parer et de vous attendre. Ma joie, mon bonheur, mon amour, je suis heureuse, je t’ai vu, je t’ai senti, je t’ai entendu, je t’ai admiré et adoré ce matin. Dites donc mon petit homme je ne vous accorde aucune rime en chin ni en ein ni en serin, ni MA fût-elle du plus JESCULE. Je ne vous accorde que moi à discrétion, mais rien du tout avec pas même le seigneur dont nous admirerons l’égoïsme et le SOI SEUL ce matin. Tenez-vous pour averti^a et méfiez-vous de mon grand [Dessin^b] avec lequel je vous fendrai et vous taillerai toutes^c sortes de choses. Je n’entends pas raillerie à ce sujet, vous le savez très bien. TAISEZ-VOUS. Jour Toto, j’ai l’onglée aux pieds. Depuis tantôt je ne me suis pas encore approchée du feu et j’ai eu les fenêtres ouvertes. Voime, voime, fort réchauffant. Mais, mon cher petit VER À SOIE, il faut bien que je supplée^d au défaut de promenades et de sorties par un peu d’air et c’est ce que je fais le plus que je peux. Aussi ma chambre a-t-elle une température fraiche et piquante qui ne manque pas d’un certain charme. Voime, voime. Quand me ferez-vous sortir mon adoré ? « « QUAND IL FERA BEAU ». Ia ia, Monsire, Matame, il est son sarme. C’est avec ça qu’on me tient des mois entiers sans sortir de chez moi si ce n’est tous les trimestres le jour où il pleut à verse^e ou bien encore quand il fait un brouillard à ne pas voir à deux pieds des Siens, ia, ia c’est des bichons, mais c’est peu amusant et encore moins sain pour la santé de la pauvre Juju. C’est égal elle vous adore plus que jamais.