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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 août [1840], samedi après-midi, 4 h.

Je regrette, en effet, mon bien-aimé, que tu ne m’aies pas dit plus tôt la position dans laquelle tu te trouvais parce qu’au lieu de me donner des regrets impuissants j’aurais pu économiser quelque chose sur tout le bien-être général de ma maison tandis qu’aujourd’hui il est trop tard. Toutes les dépenses que nous allons faire sont forcées et ne peuvent ni se supprimer ni se diminuer. Je te promets cependant de faire de mon mieux pendant le peu de temps que nous allons être encore à Paris et au retour je n’ai pas besoin de te promettre de réduire ma dépense au stricta nécessaire. Tu sais bien que ce sera avec la plus scrupuleuse attention que je le ferai et la plus grande conscience. Voilà trois ou quatre jours que j’ai beaucoup de chagrin pour ma dépense mais ce ne sera pas ma faute si cela se renouvelle encore et pour les mêmes motifs. Je suis incapable de te faire le moindre reproche si tu manquais d’argent à me donner, même par ta faute, mais je suis incapable aussi de souffrir de reproches qui s’adresseraient à ma délicatesse même injustement et stupidement. Et ce n’est pas chez moi affaire de violence, d’emportement et de mauvais caractère. C’est affaire de probité, de sensibilité et de cœur dont je ne suis pas la maîtresse et qui me pousserait à touteb extrémité. Je n’ai jamais prétendu empêcher ton contrôle sur ma dépense, au contraire, et je m’y prête de la meilleure grâce et de la meilleure foi du monde. Aussi n’est-ce pas ce qui m’a fait tant de chagrin ces jours-ci et tu sais bien dans ta conscience que ce n’est pas sans raison que j’ai été blessée et affligée de tes paroles. Enfin n’en parlons plus, j’espère que nous nous entendrons mieux à l’avenir et j’y ferai tout mon possible de mon côté et de tout mon cœur. En attendant aimons-nous et soyons juste l’un pour l’autre.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16343, f. 109-110
Transcription de Chantal Brière

a) « stricte ».
b) « tout ».

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