18 décembre 1868

Guernesey, 18 décembre 1868, vendredi matin, 7 h. ¾

BUM jour ! Bonjour, toi, bonjour, vous, bonjour, soleil, bonjour, amour ! Je ne te demande pas depuis quand tu es levé mais je voudrais savoir si tu as, comme moi, passé une very good nuit ? En attendant ta réponse, je prends mon désir pour une certitude et je m’en fais une douce joie par avance. Le temps s’est tout à fait humanisé aujourd’hui et il est probable que MM. Duverdier et Asseline viendront ce soir par le retour du packet. Je suis armée pour les recevoir depuis trois jours d’un fort gigot et d’une énorme poule qui s’impatientent de voir le feu en l’honneur de ces deux Franco-Jersiais^a. J’espère que leur présence réveillera le citoyen Kesler dont la somnolence tourne à la léthargie. Mais, qu’il se réveille ou non, notre bonheur n’en sera pas plus endormi pour cela, dût mon cœur mettre le feu au tien.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 346
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « francos-jersiais ».