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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 9 décembre 1868, mercredi, 7 h. ½ du matin

Cher bien-aimé, ma plume hésite entre bonjour et bonsoir tant il fait nuit encore dans ma chambre malgré mes trois grands volets ouverts : heureusement que mon cœur ne peut pas se tromper car voilà bientôt trente six ans qu’il suit le même chemin sans jamais se lasser tant il se croit sûr d’arriver à son but, c’est-à-dire à ton cœur. J’espère que tu as passé une meilleure nuit que la précédente et que ton dîner ne t’a pas fait mal. Moi aussi, j’ai très bien dormi et je me porte très bien ce matin. Cependant j’ai une confidence maussade à te faire depuis hier et que je n’ai pas eu le temps de te dire puisque nous ne nous sommes pas trouvés seuls une minute. Voilà ce que c’est : j’ai reçu hier deux lettres, une de Mme Luthereau, une autre de Mme de Montferrier, toutes les deux pleurant misère et implorant ta pitié et ta générosité avec une indiscrétion qui me gêne et qui m’humilie. Si je ne m’étais pas engagée à te tout dire, j’aurais passé sous silence ces deux lettres qui ressemblent presque à de l’exploitation. Mais je ne me reconnais pas le droit de te rien cacher mêmea les misères plus ou moins honteuses de mes amies. Cet aveu fait, je reviens à mon amour. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 337
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « mêmes ».

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