Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1868 > Septembre > 25

Bruxelles, 25 septembre 1868, vendredi midi

Je suis très crâne et très fière ce matin ; et vous, et vous ? J’ai passé une très bonne nuit, je me porte très bien et je vous adore ; et vous, et vous, et vous ? En attendant votre réponse affirmativement bonne sur toutes ces questions, je me goberge dans une douce illusion au risque de me casser le nez, le cou et le cœur sur un tas monstrueux de déceptions hideuses plus tard. Voime, voime, frottez vous-y et vous verrez de quoi je suis capable. Les hourvarisa [1] continuent d’affluer à l’hôtel ; après les bipèdes riflemen [2], voici les vélocipèdes belges, savez-vous, qui viennent d’envahir la cour en laissant derrière eux toute une foule de badauds aussi hybride que stupide, stationnant devant la maison et empêchant la circulation. J’assiste philosophiquement à tout cela, cachée derrière mon rideau en compagnie de l’imperturbable Suzarde que rien n’étonne ni ne déconcerte. Puis, je pense à notre prochain retour à Guernesey où je vis si près de toi et où il me semble que mon amour t’arrive plus directement. Et je souris, et je remercie Dieu, et je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 266
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « ourvaris ».

Notes

[1Hourvari : Vacarme, tapage, agitation confuse.

[2Rifleman (anglais) : fusilier, soldat armé d’un fusil.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne