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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 juin 1839

26 juin [1839], mercredi matin, 9 h. ¼

Bonjour, mon cher adoré, bonjour toi que j’aime, j’ai rêvé toute la nuit de la LOIRE, de L’ISLE DU VILLAGE, DU CHÂTEAU DES DUCHESSES, DU LABOUREUR, DU BÛCHERON, DE VIRGILE ET DES OSSEMENTS ROMAINS. Mon admiration s’est changée en extase et toutea la nuit mon âme a flotté à travers toutes les merveilles de ton génie dans un inexprimable ravissement. Malheureusement je me suis réveillée trop tôt. Pourquoi n’êtes-vous pas venu, mon petit homme ? Est-ce que vous ne m’aimez plus ? Voilà dix jours que vous n’avez paru au DOMICILE CONJUGAL, c’est bien peu rassurant pour une pauvre Juju amoureuse et jalouse. Cependant je ne veux pas vous tourmenter hors de propos et j’attendrai que vous veuilliez bien vous apercevoirb de l’absurdité de votre conduite présente. Jour Toto. Le temps est bien grinchou aujourd’hui, il pleut et il fait du vent. Vous êtes débarrassé de moi pour la promenade aujourd’hui car c’est le jour où la mère Pierceau va chez Mme Triger. Ainsi réjouissez-vous, et tâchez de m’aimer si vous pouvez.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 39-40
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « toutes ».
b) « apercevoir ».


26 juin [1839], mercredi soir, 9 h. ½

J’ai enfin fini ma journée, mon cher petit homme, et ce n’est pas malheureux car elle a été bonne. Mais toi, mon pauvre bien-aimé, tu n’as pas encore fini la tienne ? Tu travailles toujours et sans cesse et sans te plaindre jamais, tu es mon adoré. J’ai lu en dînant la lettre de M. de Ségur ainsi que son éloge du Maréchal Lobau… Sa lettre m’a beaucoup plu. Il paraît, mon cher petit gribouilleur, que votre écriture a paru tellement hiéroglyphique au susdit IMMORTEL qu’il vous a cru AVEUGLE. Moi qui connais vos FICELLES, je sais très bien que vous y voyez trop clair quand il s’agit de regarder autre chose que les chiens errants témoin toutes les grisettes et autres dont vous connaissez les jarretièresa de toutes les couleurs. Si jamais j’écris votre biographie je révèlerai bien d’affreux secrets sur votre personne et sur vos MŒURS. En attendant, tâchez de ne pas venir à minuit et aimez-moi un peu par devoir, et par justice envers une pauvre Juju qui vous adore nuit et jour en son âme. Soir pa. Soir To. S’il n’y avait pas de chemins, il n’y aurait pas de cochers etc. etc. Je vous [illis.].

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 41-42
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « jarretierres ».

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