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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 juin 1839

22 juin [1839], samedi matin, 9 h. ½

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour, mon amour chéri. Je te crois, mon petit homme. Ce serait si absurde et surtout si vilain si tu me trompais que ça ne peut pas être, n’est-ce pas, mon Toto ? Je suis dans ma belle chambre, moi. J’espérais que vous viendriez PENDRE LA CRÉMAILLÈRE, cette nuit, mais vous vous en êtes donné bien de garde, vieux bêtaa… Taisez-vous. J’ai un gros bouton rouge sur le nez, moi, je suis très gentille, c’est bien fait. Ça n’empêche pas que je sois très contente d’être rentrée dans ma chambre. TIENS, PYLADE, AVEC MOI CONTEMPLE MES ÉTATS… etc. etc [1]. Pantoufle et tire-bottes. Si vous étiez venu cette nuit, nous aurions faitb la noce, car j’ai très bien dormi et je me porte ce matin comme un charme. Il fait un petit vent frais ravissant qui donne envie d’aller se promener à la campagne… Mais il n’y a pas de danger que vous me donniez ce bonheur inattenduc. L’AIR n’est pas fait pour moi, je n’en ai pas besoin mais j’ai besoin d’amour et vous ne m’en donnez pas. Vous êtes un monstre. Baisez-moi et tâchez de ravoir votre clef et votre mouchoir car mes moyens ne me permettent pas de perdre encore tout ça.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 23-24
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « bêtat ».
b) « faits ».
c) « innatendu ».


22 juin [1839], samedi soir, 7 h.

Oui, mon cher petit bien-aimé. J’aime mieux me priver du plaisir de lire les journaux et les lettres qu’on t’adresse que de m’exposer aux inconvénients de mon mauvais caractère. Tu ne peux pas trouver cela mauvais puisque c’est encore une preuve d’amour que je te donne en évitant de troubler ta tranquillité et en te cachant le côté vilain et hideux de mon individu. Quant à mon bain, tu sais maintenant à quoi il a tenu que je ne te l’aie pas dit auparavant. Ainsi, il n’y a plus de nuage dans votre esprit ? Je te demande pardon de mes impatiences de tout à l’heure. Une autre foisa, ça ne m’arrivera plus. Tu serais bien gentil de venir me chercher ce soir pour sortir un peu avec toi, le temps est frais et je voudrais en profiter pour prendre l’air et pour marcher un peu. Je viens d’écrire à Mme Pierceau que je suis dans les embarras jusqu’au cou. Ainsi, je ne la verrai pas demain, à moins que tu ne m’y conduisesb mais je n’y tiens pas autrement. Jour, un petit o. Jour, un gros To. Je t’aime, mon amour, et bien du fond du cœur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 25-26
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « autrefois ».
b) « conduise ».

Notes

[1Citation à identifier.

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