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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 mai 1839

20 mai [1839], lundi matin, 11 h. ½

Bonjour, mon cher adoré, bonjour, mon petit homme chéri. Pauvre bien-aimé, j’espérais pour mon bouquet que tu viendrais cette nuit mais il paraît que tu n’as ni paix ni trêve ni fête [1]. Tu travailles toujours toujours. Je te plains, je t’admire et je t’adore. Sois béni. Claire est arrivée amenée par M. Félix au lieu de Lanvin à qui on a posé les sangsues hier et qui ne pouvait pas sortir aujourd’hui. La petite fille est toujours dans un état désespéré. Pauvres gens, pauvres gens. Il était, M. Félix, trop pressé pour aller aujourd’hui au Mont-de-Piété, je lui ai donné les reconnaissances et l’argent afin que lui ou Lanvin y aille demain parce [que] de toute façon, il faut ménager leur force et leur temps. Claire vous a fait une très belle grimace, du moins elle y a mis tout son savoir-faire. Il faut lui tenir compte de ses efforts. Comme c’était beau la représentation d’hier malgré l’insignifiance et l’insuffisance des personnages qui jouaient dans ton admirable MARIE TUDOR [2]. Ô si on pouvait jouer avec l’âme comme je serais une grande actrice dans tes admirables rôles ! Hier je sentais mon intelligencea et ma nature se développer et grandir sous ta poésie comme les fleurs sous les rayons du soleil.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 185-186
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « inlligence ».


20 mai [1839], lundi soir, 8 h. ½

Tellea que vous ne me voyez pas, mon Toto, je suis sous les armes et mes GENS aussi. Nous vous attendons de pied ferme, mais j’ai bien peur que nous en soyons pour nos frais de course car nous nous sommes dépêchésb. Dieu sait la vie. Au reste, je n’ai pas encore mangé ma soupe et je préfère vous écrire au risque de crever de faim, le cas échéant, que de manquer à ma prière du soir. Savez-vous, mon Toto, que c’est TIDEUX à vous de venir mettre le feu sous le ventre à ces pauvres femelles qui s’imaginent sur votre fallacieuse parole, que les opéras vont leur pleuvoir toutc rôtis dans le bec ? Mas moi qui vous connais de longue main, je les plains de tout mon cœur : hélas !!!!!d Je vous aime, mon Toto, je vous adore, mon petit homme. C’est toujours la fête pour mon amour et mon âme est toujours épanouie sous votre regard rayonnant. Ô oui, je t’aime, mon adoré, c’est bien vrai.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16338, f. 187-188
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « Tel ».
b) « dépéché ».
c) « tous ».
d) Les cinq points d’exclamation courent jusqu’à la fin de la ligne.

Notes

[1Juliette attend que Hugo lui souhaite sa fête, pour la Sainte-Julie.

[2Reprise de Marie Tudor. Juliette avait joué le rôle de Jane à la création à la Porte-Saint-Martin, en 1833, et avait chuté, ce qui mit bientôt fin à sa carrière.

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