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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 9 octobre [18]79, jeudi matin, 8 h.

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, comment ta nuit ? Meilleure que la précédente, je l’espère. En attendant que mon espoir se confirme je t’aime à cœur que veux-tu.
J’ai lu les lettres qui sont venues hier soir, elles sont toutes plus ou moins intéressantes. J’en excepte celle qui contient un chèque de cent trois francs 15 centimesa payable au Siège de la Société Générale de la compagnie de Saint-Quentin rue de Provence 54. Cette somme, la seconde que t’envoie le maire de Saint-Quentin, est le produit de la souscription ouverte au cercle de la ville en faveur des amnistiés [1]. Il te demande comme la plus précieuse faveur que tu lui en accusesb réception de ta main. Sa lettre est touchante et profondément respectueuse. Tu feras bien de lui accorder ce qu’il te demande.
Je crois que je vais me fendre d’une lettre à Leconte de Lislec tout à l’heure, tant pis si je patauge à travers la syntaxe, et à ce propos il me semble difficile que tu ne l’invitesd pas à ton banquet [2] l’avant-veille du jour où il aura lieu ? Au reste ce que je t’en dis n’est que pour t’y faire penser dans le cas où tu croirais devoir faire cet honneur à ce pauvre poète malmené par le sort.
Je t’aime, voilà ce qui m’importe et je veux que tu m’aimes quand même.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 241
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette

a) « centi ».
b) « accuse ».
c) « Leconte de l’Ysle ».
d) « invite ».

Notes

[1Il s’agit des amnistiés de la Commune, que Hugo mettra un point d’honneur à défendre à la fin de sa vie : il voit dans l’amnistie un exemple moral pour le peuple, et une action fondamentalement républicaine. Une première loi en faveur de l’amnistie des Communards a d’ailleurs été votée le 3 mars 1879 ; elle sera complétée par une nouvelle loi, le 11 juillet 1880. Cette thématique revient avec récurrence dans les lettres de Juliette.

[2Victor Hugo organise un grand banquet, à l’occasion de la centième représentation de l’adaptation de Notre-Dame de Paris par Paul Meurice, au Théâtre des Nations. Prévu le lundi 13 octobre au soir, le banquet qui suivra la représentation rassemblera des personnalités éminentes des milieux littéraire, artistique et journalistique, et sera donné au Grand-Hôtel.

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