Guernesey, 12 janvier 1862, dimanche, 7 h. ¾ du m[atin]
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, mon pauvre enrhumé, bonjour. Je crains que tu n’aies encore passé une mauvaise nuit, mon pauvre petit homme du bon Dieu, et cela me tourmente, surtout avec tout ce que tu as à fairea en ce moment-ci. Qu’est-ce que je pourrais donc faire pour enrayer ton rhume et pour t’en débarrasser tout de suite ? J’ai beau chercher, jusqu’à présent je n’ai rien trouvé que le repos et la chaleur du lit et c’est justement la chose dont tu uses le moins, sans compter que je n’ai pas confiance dans ton hydrothérapie pour guérir les rhumes. Enfin, mon pauvre adoré, Dieu veuille que tu aies passé une bonne nuit et que tu mènes à bien et de front ta santé et ton travail. Je le lui demande avec tout mon amour, avec ce que j’ai de plus religieux et de plus tendre dans le cœur et dans l’âme. Et puis, voilà un temps de mois de mai qui ne peut que te faire du bien. On ne se douterait pas ce matin de la tempête d’hier, tant le temps est calme et doux, si on n’était pas habitué à ces brusques revirements atmosphériques. Le Packet [1] est reparti, ce qui prouverait que ses avaries n’étaient pas aussi grandes qu’on le disait. Et puis je suis une vieille bavarde diseuse de rien pendant que mon cœur déborde d’amour et de tendresse pour toi, mon adoré.
BnF, Mss, NAF 16383, f. 13
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Guy Rosa
a) « affaire ».