2 juillet 1879

Paris, 2 juillet [18]79, mercredi matin, 8 h.

Je t’ai déjà fait ma visite matinale, mon grand bien-aimé, et j’ai constaté avec joie, de visu et d’auditu, que tu dormais profondément. Ce que voyant, je suis rentrée pour te rabâcher un autre bonjour Plumae en attendant que nous nous envolions tantôt dans les astres.
Lesclide vient de venir tout à l’heure me dire que Matthieu Godard [1] affirmait qu’il ferait un très beau temps ce soir mais que dans tous les cas, il se tenait à tes ordres pour le jour et l’heure que tu voudras, trop heureux et bien fier, lui, et ses frères et associés, de l’honneur que tu leur feras. Lesclide sera dans la cour du Louvre à cinq heures et demie pour te renseigner s’il en était besoin. Tout est donc pour le mieux pour ce casse-cou entre terre et ciel.
Entre-temps, on t’offre la Présidence d’honneur de l’Association Philotechnique [2] qui depuis longtemps t’acclame et te désire. Jules Simon, le Président de l’association, Vialay conseiller général, Docteur Hébert directeur des cours, sont venus en personne^a hier soir pour t’inviter et ne te trouvant pas ils ont laissé leurs cartes et la lettre d’invitation. La distribution solennelle des prix se fera dimanche prochain, 6 juillet, au cirque d’hiver Boulevard des filles du Calvaire à une heure précise et sera suivie d’un banquet de famille le même soir à six heures et demie à l’Hôtel Continental [3] rue de Rivoli et de Castiglione.
On espère que tu voudras bien également y assister. Te voilà renseigné outre la lettre d’invitation qui t’attend.
Ce n’est pas une raison pour que je laisse mon cœur et mon âme en souffrance sans te dire que je t’adore.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 167
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette

a) « en personnes ».