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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 mars 1838

10 mars [1838], samedi midi

Mon cher bien aimé, vous êtes mon grand Toto. Je vous aime, je suis heureuse, je vais aller ce soir entendre ma marion. Pour cela je me mets en mesure. Je vous écris sur du grand papier et avec un grand amour. Je n’ai pas vu Mme Lanvin ce matin donc tu as bien fait de ne pas me laisser de billets pour eux, il est probable qu’ils ne peuvent pas aller tous, deux fois de suite au spectacle, ce sont de pauvres ouvriers qui attendent après leur journée pour vivre. Il paraît que la mère de Mme Guérard est venue hier pendant que la bonne était sortie. C’était probablement pour me demander des places. Je ne suis pas fâchée de ne m’y être pas trouvée pour n’être pas obligée de la refuser. J’emmène ce soir ma servante. Oh ! Quelle surprise agréable je vais lui faire !...... Mon petit homme chéri, je vais écrire ce matin un petit bout de lettre pour mon pauvre père [1] à qui j’avais promis que j’irais le voir cette semaine. Je lui repromettrai d’aller un jour de la semaine prochaine. Bonjour, mon cher petit o. Je veux que vous m’apportiez toutes les lettres que vous avez reçues hier. Je veux prendre ma part de l’admiration générale. J’ai eu assez peur pour cela. Je ne suis pas encore très rassurée pour ce soir. Tu as tant et de si chauds ennemis, et tant et de si tièdes amis. Heureusement que le vrai public est pour toi et celui-là sera la majorité ce soir. A ce soir [donc  ? dans  ?] les applaudissements, les bravos. Bravo ! bravo !! bravo !!!! Que je t’aime, mon Victor bien-aimé, que je t’aime ! Le sens-tu au moins ? Je t’aime comme jamais homme avant toi n’a été aimé et comme jamais homme ne le sera. Je baise ta chère petite main. Je baise tes pieds adorés qui portenta la plus belle et la plus noble tête du monde. À bientôt, n’est-ce-pas ? Et surtout à ce soir.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f.143-144
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « qui porte ».


10 mars [1838], samedi soir, 7 h. ½

Si c’est à cause d’affaires fâcheuses que je ne t’ai pas vu d’aujourd’hui, mon adoré, je n’ai rien à dire sinon que je t’aime ; si c’est par indifférence, je suis bien malheureuse et tu es bien coupable. Je vais la mort dans l’âme à cette représentation où je me promettais tant de joie. Je souffre, je suis bouleversée, mon Dieu, qu’est-il donc arrivé ? Ah ! Te voilà !!

BnF, Mss, NAF, 16333, f. 145
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

Notes

[1Juliette désigne ainsi son oncle René-Henry Drouet.

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