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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 25 juillet [18]63, samedi matin, 8 h.

Bonjour, mon cher petit homme, bonjour, à tout cœur et à tout crin, bonjour, je t’aime. J’espère que tu as passé une bonne nuit mais je te trouve bien imprudent de laisser ta literie sous les averses multipliées de ce matin. Comme Dieu, tu sais ce que tu fais et ce que tu fais doit avoir sa raison d’être, mais moi, à cette distance, je trouve que c’est absurde. J’en demande pardon à votre « majesté, pardon, citoyen ». Quant à moi je rengaine tout mon FAIT au plus profond de ma chambre pour éviter l’humidité, ce qui est plus prudent. Il est vrai que je ne suis qu’une FOUAIBLE femme qui vous aime comme un Turc et qui vous le [illis.] [sur table. Voyons à présent votre armure  ?] En attendant j’ai déjà dépêché ma Suzarde à la recherche des bêtes les plus féroces pour le festival de ce soir. Jusqu’à présent elle n’a trouvé qu’un poisson plat et qu’un bœuf assez morose. Je crains fort que cette île déserte ne produise pas autre chose d’ici à ce soir, ce qui nous [forcerait  ?] à nous DÉVORRRRRRERRRR quelque peu entre nous, à moins cependant que vous n’apportiez quelque chose de tout à fait substantiel pour les esprits et pour les cœurs comme vous nous l’aviez promis depuis déjà bien longtemps. Si ma requête est indiscrète, mettez que je n’ai rien dit sinon que je vous aime corps et âme et que, comme l’appétit vient en mangeant, plus je vous aime, plus je veux vous aimer.

BnF, Mss, NAF 16384, f. 196
Transcription de Gérard Pouchain

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