10 novembre 1863

Guernesey, 10 novembre [18]63, mardi matin, 7 h. ¾

Rebonjour, mon cher bien-aimé, avant que tu ne fermes ta fenêtre car voici la pluie, hélas ! C’était bien la peine à MȎSIEUR le soleil de montrer une face si rubiconde tout à l’heure pour se cacher si piteusement presque tout de suite. Bon, voici Suzanne qui revient de la maison. Il n’y a pas de vrai or dans ce pays-ci, de l’avis même du doreur, lequel approuve qu’on suspende son travail pendant le temps qu’on en fera venir de Londres [1]. Il est donc urgent, mon cher petit homme, de voir Lelacheur aujourd’hui même pour lui faire la commande et lui dire la quantité que tu veux faire venir. En même temps nous pourrons payer nos boutons de porte au COLONEL GIFFARD pour ne pas faire de comptes avec cet homme d’armes. Du reste je ne sais pas pourquoi je ne peux pas me déshabituer de t’écrire le matin les choses que je te rabâcherai pendant la journée. Ce double emploi^a ne veut guère t’amuser et cela tient beaucoup de place dans mes pauvres petites restitus. Décidément c’est bien bête la bêtise et on est bien heureux d’avoir autant d’esprit qu’on en peut consommer. Ce regret exprimé, il me reste à te dire que tu es mon plus que bien-aimé et que je te défends de timbrer de beauté aucune marquise de Contades [2] pour la postérité ou je vous tue tout bonnement.

BnF, Mss, NAF 16384, f. 249
Transcription de Gérard Pouchain

a) « emplois ».