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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 avril 1855

Jersey, 29 avril 1855, dimanche après-midi, 4 h.

Oui, je vous le tirerai votre nez piffe, on aime. Soyez tranquille puisqu’il n’y a plus que cela que je puisse tirer de vous. En attendant, il n’aurait tenu qu’à moi d’avoir le citoyen Durand à dîner ce soir mais j’ai pensé au proverbe latin : NON BIS IN IDEM [1]. Et je me suis privée du double plaisir de voir ce citoyen tirer de son nez piffe. On n’aime pas autre chose que des fleurs de rhétorique et sans la moindre collaboration de mouchoir. Je réserve cet appétissant spectacle pour un jour moins froid et moins enchifrené que celui-ci. Telle est ma prudence.
À propos, il paraît que l’élection de Philippe [2] au majestueux grade de centenier est archi-sûre. Mais il paraît que la prochaine dislocation du cours musical ne l’est pas moins car Charles Asplet ne peut déjà plus trouver le placement des billets, toujours d’après le même citoyen Durand. J’en suis fâchée pour les pauvre diables d’Allix [3] qui ont plus de courage que de chance. Du reste, il était facile de prévoir ce précoce et piteux dénouement, la Jerserie étant donnée. Ce qui ne m’empêche pas de me trouver parfaitement absurde de faire une restitus de tout ce salmigondis. Mais comme mon amour est TOUT il doit se trouver dans tout d’après le dire d’un Napoléon landais quelconque. Justement vous voilà, quel bonheur !!! J’ai fini, N. I. NI [4].

Juju

BnF, Mss, NAF 16376, f. 173-174
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa

Notes

[1Principe de droit romain : nul ne peut peut-être poursuivi une seconde fois pour des faits ayant déjà fait l’objet d’une première poursuite.

[3Juliette et Hugo sont amis avec Émile Allix, Jules Allix et Augustine Allix.

[4Allusion à la parodie de Hernani N. I., NI. ou le danger des Castilles. Amphigouri-romantique en cinq actes et en vers sublimes, mêlés de prose ridicule / par MM. Carmouche, de Courcy et Dupeuty. Musique classique, ponts-neufs, etc. arrangés par M. Alexandre Piccini. Représenté pour la première fois à Paris sur le Théâtre de la Porte Saint-Martin, le 12 mars 1830.

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