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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 23 avril 1855, lundi après-midi, 3 h.

Mon cœur n’a rien de nouveau à t’apprendre, mon cher bien-aimé, si ce n’est qu’il t’aime encore plus aujourd’hui qu’hier, comme il t’aimera encore plus demain ; chaque jour qui s’écoule accumulea un siècle d’amour de plus dans ma vie. Je pense que tu seras forcé de me quitter probablement plus tôt ce soir à cause de la machine Allix. Si cela était, mon doux adoré, il serait juste de venir un peu de bonne heure tantôt pour que je ne sois pas lésée, lésée, lésée, trop parfaitement léséeb dans mon pauvre petit bonheur quotidien. En attendant, je vais me mettre à copire d’arrache-plume car voici déjà pas mal de temps que je fais la paresseuse. Je ne te demande pas quand tu auras fini et je dis encore moins : grand Toto cesse d’écrire ou je cesse de copire parce que je ne suis pas RACINE et que vous êtes plus soleil que Louis XIV [1]. Je dis modestement oui : allez toujours, je vous suis : ma plume emboîte le pas derrière la vôtre et mon admiration ne se lasse pas.

J.

BnF, Mss, NAF 16376, f. 163-164
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa

a) « accumulent ».
b) « lézée ».

Notes

[1Détournement de la célèbre citation : « Grand roi, cesse de vaincre ou je cesse d’écrire » (Boileau, Épitres, VIII).

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