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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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BnF, Mss, NAF 16323, f. 21-23 / 12 juillet 1834

Samedi, 6 h. du soir [1]
[Samedi 12 juillet 1834]

Je reçois à l’instant par la poste une bonne petite lettre de toi. Ce que tu as dû souffrir en l’écrivant me la rend plus précieuse qu’aucune de cellesa que j’ai reçuesb de toi – Pauvre main bien aiméec, je te remercie d’avoir eu le courage de me donner cette marque d’amour. Mon Victor adoré, comment es-tu sérieusement ? Car je n’ose pas me fier à tes attestations. Tu es si courageux, si noble, que je suis sûre que tu me trompes pour m’épargner un chagrin – Mon Dieu, je voudrais pourtant savoir la vérité. Si je ne craignais pas de te déplaire, j’enverrais chez M. Maynard, mais je ne sais pas jusqu’à quel point c’est possible – Moi qui t’aime, plus que tout au monde, je ne comprends pas les obstacles qu’on appelled convenances. C’est bien assez de respecter la tranquillité de ta maison, Dieu sait ce que cela me coûte à moi d’efforts de tous genres – Je vais faire tout mon possible pour ne m’en rapporter qu’à toi aujourd’hui – J’enverrai tantôt, au nom de M. Charpentier. Je vais aller à notre logement pour m’entendre avec le doreur et Jourdain qui m’a apporté les lése des rideaux qui sont si déchirésf qu’il ne sera pas possible de s’en servir peut-être. Et puis il faut que j’essaye de te voir. Je passerai devant tes croisées. Si je pouvais te voir, je m’en reviendraisg moins inquiète. Mon Dieu, mon Victor, que je t’aime – Mon Dieu que je t’aime – On m’apporte ta réponse à présent. Je suis plus inquiète que tout à l’heure car Lanvin qui a fait la commission a entendu un jeune homme qui sortait de chez toi dire que tu étais fort souffrant et qu’on te mettait des cataplasmes. Tu me trompes donc, méchant enfant ? Tu ne veux pas que je m’inquiète, tu ne veux pas que je souffre de tes souffrances – Mais moi, je veux souffrir quand tu souffres ainsi – À ce soir, d’autre nouvelle.
Si je pouvais te voir !

[Adresse]
4e
Pr mon pauvre ami souffrant

BnF, Mss, NAF 16323, f. 21-23
Transcription de Jeanne Stranart et Véronique Cantos assistées de Florence Naugrette

a) « celle ».
b) « reçu ».
c) « aimé ».
d) « appellent ».
e) « lais ».
f) « déchirées ».
g) « reviendrai ».

Notes

[1Grâce à l’évocation de « M. Charpentier », on peut dater cette lettre du samedi 12 juillet 1834. En effet, Hugo envoie un billet à Juliette qu’elle reçoit le vendredi 11 juillet 1834 en indiquant : « Tu peux envoyer savoir de mes nouvelles sous le nom de M. Siméon Chaumier et de M. Charpentier. » (CFL, t. V, p. 1224.) Hugo aurait été victime d’un accident au bras survenu ce 11 juillet. Les inquiétudes de Juliette confirment la datation.

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