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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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28 mai 1862

Guernesey, 1862, 28 mai, mercredi, 4 h. ½ après midi

Croirais-tu, mon grand bien-aimé, que je n’ai pas encore pu mettre une patte de mouche l’une devant l’autre au service de ma chère petite restitus depuis ce matin ? Tout cela parce-que c’était jour de blanchisseuse aujourd’hui et que j’avais beaucoup de raccommodages à faire ? Une fois désheurée, il n’y a plus de raison pour se rattraper ; mais il ne sera pas dit que ma journée s’achèvera sans que je me sois donné la satisfaction de te griffouiller un peu de mon cœur. C’est bien le moins qu’après avoir trimé toute la journée comme une pauvre MALSENAIRE [1] je me donne du bon temps, du bonheur et de la joie en t’aimant à bride abattue et de toutes mes forces. Puis chemin faisant, j’ai envoyé une tarte au petit Engelson pour le remercier de ses deux ou trois petits bouquets. Mme Chenay se trouvait là lorsque Suzanne a fait son entrée et je suppose qu’elle en aura un peu goûté, de la tarte. Mais je ménage à Mlle Adèle une savoureuse surprise ce soir avec un gâteau à la gelée d’orange pour lequel Suzanne à mis tout son savoir-faire. J’espère qu’elle aura réussi et que tout le monde sera content de nous aujourd’hui. En attendant, je t’adore.

BNF, Mss, NAF 16383, f. 137
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa

a) « rattrapper ».

Notes

[1Dans Le Rhin, Hugo rapporte cette conversation entendue lors d’un voyage de nuit, entre Mézières et Givet : « J’étais réveillé de temps en temps quand on changeait de chevaux par de brusques lanternes appliquées à la vitre et par des dialogues comme celui-ci : “ Dis donc, hée ! dis donc, hée ! — Qu’est-ce que c’est que cette rosse-là ? Je n’en veux pas. C’est le gigoteur. — Et monsieur Simon ? où est monsieur Simon ? — Monsieur Simon ? bah ! il travaille. Il travaille toujours. Il travaille pire qu’un malsenaire. ” » (Lettre IV, Robert Laffont, « Bouquins », vol. Voyages, 1987, p. 40.)

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