15 juin 1882

Paris, 15 juin 1882, jeudi matin, 7 h.

Comment as-tu passé la nuit, mon cher bien-aimé ? Je ne t’ai pas entendu du tout chaque fois que je me suis réveillée mais cela ne prouve pas que tu aies bien dormi. Tout à l’heure je suis entrée dans ta chambre et je t’ai embrassé sans troubler ton sommeil qui continuera d’être bon, je l’espère, toute la matinée. Je te fais souvenir que tu as une convocation dans le local du 1^er Bureau aujourd’hui à une heure pour communication des Affaires Étrangères et séance publique à trois heures. Peut-être serait-il utile pour toi d’être informé officiellement de ce qui se passe politiquement entre la France et l’Étranger en ce moment. Je te dis cela un peu comme les aveugles parlent des couleurs et aussi par habitude de te dire tout ce qui me passe par la tête et par le cœur au fur et à mesure que cela me vient. En attendant que tu décides^a ceci ou cela je vais prendre un bain qui me détendra, je le crois, les nerfs, que j’ai particulièrement agacés ce matin sans savoir pourquoi. C’est sur ce bon effet que je compte pour te paraître moins grognon et moins maussade que d’habitude et je t’adore dans tous les cas.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16403, f. 113
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

a) « décide ».