Paris, 9 juin 1882, vendredi midi
Mon cher petit homme, je vais aller te porter moi-même toutes les tendresses que j’ai coutume d’enfouir tous les matins dans ma restitus mais qui sont restées aujourd’hui renfermées dans mon cœur faute de temps pour les en extrairea. La quantité de journaux à ranger et à lire, de lettres à classer et à dépouiller, de questions à répondre et d’ordres à donner font que je ne sais plus où donner de la tête tous les matins. Sans compter la question perruquier qui tient beaucoup trop de place dans ma vie depuis huit jours. Le pauvre Guédon qui faisait l’intérim en attendant que j’aie trouvé dans mon voisinage, le remplaçant de Cladel [1] est tombé malade et m’a envoyé un de ses garçons qui m’a tignassée plutôt que coiffée tout à l’heure ; Et voici par surcroît la sœur de Mme Lockroy avec deux de ses filles qui demandent à déjeuner. Il faut donc, dare-dareb que je descende tout de suite après t’avoir embrassé et souri.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 108
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « extraires ».
b) « dar-dar ».