18 avril 1882

Paris, 18 avril 1882, mardi matin, 7 h. ½

Les nuits comme les jours se suivent et ne se ressemblent pas ; ce n’est pas comme mon cœur qui t’aime immuablement le jour et la nuit, ne varietur ! Cela dit et prouvé, prouvé… prouvé ! Je vais prendre mon bain pour calmer, s’il se peut, l’excitation^a nerveuse que me donne la belle tempête de vent déchaînée depuis hier sur nous. Tu as une nouvelle lettre de la Banking Company de Guernesey, laquelle insiste pour avoir ton livret de banque afin d’établir tes comptes sur les siens ; ce qui prouverait, paraît-il, que tu es à découvert vis-à-vis de ladite company de la somme de quatre mille six cent quarante neuf francs, somme qu’on te prie de faire rentrer à ta convenance soit par la Banque de Londres ou par celle de Paris. J’espère que nous aurons aujourd’hui des nouvelles de nos voyageurs [1] nous annonçant leur très prochain retour à moins qu’on allonge les vacances de l’écolier Georges de même longueur que celles du député Lockroy, ce qui n’est pas impossible. De toute façon cela ne peut pas durer plus d’une dizaine de jours et nous en serons sûrement informés d’ici là. En attendant, mon cher petit homme, il faut nous aimer pour eux et pour nous de toute la force de nos cœurs et de nos âmes.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16403, f. 57
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

a) « exitation ».