Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1839 > Mars > 24

24 mars 1839

24 mars [1839], dimanche matin, 11 h. ¼

Bonjour, mon cher petit bien-aimé. Bonjour mon petit homme adoré ; bonjour, bonjour. J’ai une lettre de Mme Krafft qui vous attend. J’espère, mon bien-aimé, qu’elle nous donnera à tous les deux des éclaircissements qui vous satisferont : dans tous les cas, je suis sûre que je t’aime de toute mon âme et que je donnerais ma vie pour un sourire de toi et que je te suis aussi fidèle que tu me l’es. Maintenant soyons bien i et tâchons d’être heureux car amour et bonheur dans notre position doivent être synonymesa. Et moi qui croyais que tu viendrais ce matin parce qu’ordinairement tu viens le dimanche mais j’en ai été pour mon espérance déçue, et pour mon pauvre amour, attrapéeb. Si vous croyez que ça m’amuse. Et puis ne croyez pas que j’oublie le 2  mars [1] : puisqu’il vous plaît de vous rajeunir je n’en veux que plus mon cher petit anniversaire. Quel malheur ! Voici mon lait tourné !!!!!c Et Suzanne sensd dessus dessous. Quante à moi, je reste impassible au milieu de l’EFFROI général et je serre les coulisses de mon estomac en attendant un déjeuner plus prospère et un lait plus pur. Je vous adore, ça me suffit.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 297-298
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « synonyme ».
b) « attrapé ».
c) Les 5 points d’exclamation courent jusqu’à la fin de la ligne.
d) « sans ».
e) « Quand ».


24 mars [1839], dimanche après-midi, 4 h. ½

Je t’écris de bonne heure, mon adoré, parce que j’attends Mlle Watteville et que j’espère que tu voudras bien me conduire à Lucrèce ce soir. Il fait bien beau aujourd’hui et je regrette bien de ne pouvoir pas marcher à côté de toi pendant que tu travailles et que tu fais ta lippe. Est-ce que nous ne reprendrons jamais les bonnes habitudes d’autrefois où nous allions errer toute la journée autour de Paris ? Je serais si heureuse de revoir ensemble les petites promenades où nous nous sommes tant aimés et où nous nous aimerons encore de toutes nos âmes. Je serais si joyeuse de retrouver un à un tous les baisers que nous avons semés sur nos petits chemins car les oiseaux ne les mangent pas et le vent ne peut les emporter. Mon Dieu, quand donc me donneras-tu ce bonheur de revivre dans le passé avec autant d’amour et de fraîcheur que dans le présent ? Tâche donc que cela soit bientôt. En attendant, je te désire, je t’aime et je pense à toi. Fais-en un peu autant de ton côté. Tu me dois bien cela pour le courage et la résignation avec laquelle je supporte ton absence. Et reviens le plus vite possible. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 299-300
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette
[Souchon]

Notes

[1À élucider

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne