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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 18 avril [18]63, samedi matin, 7 h. ½

Il y a bien longtemps, mon cher petit homme, que je ne t’ai fait une restitus aussi matinale. J’espère que cette reprise d’habitude ancienne continuera et que dorénavant je te gribouillerai mon bonjour toute affaire cessante. Ta fenêtre n’est pas encore ouverte ; je crains que tu n’aies passé une aussi mauvaise nuit que la mienne et je te plains de tout mon cœur. Je voudrais être à tantôt pour savoir à quoi m’en tenir sur ton rhume et sur toute ta santé car, à distance, ta télégraphie [1] est toujours rassurante même quand tu as mal dormi et que tu es souffrant. Jusqu’à présent ta fenêtre reste close ; tant mieux si c’est pour dormir et pour réparer ton insomnie. Quant à moi j’ai une douleur si violente dans tout le côté droit de la tête qu’il m’a été impossible de dormir à partir de trois heures ni même de rester au lit. Dans ce moment-ci encore je souffre atrocement, cela doit être rhumatismal ou nerveux et s’en ira comme cela est venu. Il n’y a donc qu’un peu de patience à prendre et cela m’est d’autant plus facile que je pense à notre bon petit festival de ce soir ; mais pour que rien ne cloche, il faut que tu te portes bien, que tu sois GEAIE comme un PINSON et que tu m’aimes comme un LION. À cette condition : TORVA MIMALLONEIS IMPLERUNT CORNUA BOMBISa [2]. Autrement je rengaine mon latin et je vous laisse à sec sur les bords de votre scie. Sur ce, réveillez-vous bel endormi et souriez-moi.

BnF, Mss, NAF, 16384, f. 99
Transcription de Chantal Brière

a) « TORVA MIMALONEIS IMPERUNT CORNUA BONBIS ».

Notes

[1Hugo et Juliette s’adressaient des signes de maison à maison.

[2Ce vers grandiloquent a été attribué à Néron et figure dans la Satire I du poète latin Perse. Les traductions sont variées : « Le terrible instrument a retenti, gonflé de sons Mimalloniques » ; « Les filles du Mimas ont embouché les cors ». Les filles du Mimas, montagne d’Asie Mineure, ou Mimallones sont les Ménades.

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