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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 mai 1879

Paris, 21 mai [18]79, mercredi matin, 7 h.

Toc, toc, toc, c’est moi, sainte Julie, dite Juju, qui réclame son petit oremus [1] annuel de son infidèle mais bien-aimé servant, le glorieux des glorieux, l’admiré des admirés, l’adoré des adorés, Victor Hugo ! Cher bien-aimé, je serai bien heureuse si tu as passé une bonne nuit, comme je l’espère et comme je le désire. J’attends de tes chères nouvelles et ma bonne petite lettre de fête avec toutes les tendres impatiences de mon cœur et de mon âme. Je viens de m’assurer qu’il n’y aura pas de séance au Sénat avant lundi prochain, séance publique à deux heures. En même temps ton courrier m’informe que tu as invité à dîner en même temps que Schœlcher samedi prochain son ami, candidat, Léon Lalanne, lequel accepte avec reconnaissance l’honneur etc. Ce qui complètea le chiffre réglementaire avec les trois Houssaye. Je t’aime, ma lettre ! je t’adore, ma lettre !

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 126
Transcription de Chantal Brière

a) « complette ».


Paris, 21 mai [18]79, mercredi, 1 h. du soir

Depuis que j’ai lu ton adorable lettre, mon grand bien-aimé, je me sens sanctifiée, aimée et bénie par toi et par nos anges [2] et par Dieu qui connaît la sincérité, la pureté, l’infini de mon amour pour toi. Mon âme est en proie à toutes les saintes extases comme si déjà j’étais entrée dans la vie éternelle. Toutes les blancheurs de ta vie et tous les rayons de ta gloire m’apparaissenta sans troubler ma vue ni brûler mes yeux comme si déjà mon regard était accoutumé à la grande lumière, à la grande vision de Dieu. J’ai des pensées d’une infinie douceur ; j’ai le cœur débordant d’une religieuse confiance en ton amour et j’ai la joie radieuse des anges dans le paradis. Je sens que nous sommes protégés par nos anges là-haut et j’espère que Dieu nous sourit. J’ai le cœur si gonflé de bonheur que j’aurais besoin de chanter, de pleurer, de crier, de prier, tout à la fois, pour laisser passer le trop-plein de mon insondable émotion et qui [tient] toute cependant dans ce seul mot : je t’aime !!!

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 127
Transcription de Chantal Brière

a) « m’apparraissent ».

Notes

[1Prière, oraison.

[2Juliette désigne ainsi Léopoldine Hugo et Claire Pradier, leurs filles respectives décédées.

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