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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1834 > BnF, Mss, NAF 16322, f. 211-212

Dimanche, aux Metz, 3 h. ½ du soir [1]

Mon bien-aimé Victor, je perds l’espoir de te voir aujourd’hui car il est déjà bien tard. C’est bien triste pour moi qui avais compté sur la récompense d’un long et fatigant travail que j’ai enfin terminé autant que je le pouvais puisqu’il faudra avoir les factures définitives et détaillées pour les comparer et les additionnera. Enfin, j’ai fait tout ce que j’ai pu. J’ai eu fini aujourd’hui à 2 h. J’étais heureuse d’avoir mis en train la chose qui doit me donner à toi tout entièreb, me river à ta vie, m’incruster pour toujours dans ton cœur. J’étais bien heureuse d’avoir commencé ma délivrance, j’espérais que tu viendrais m’aider à partager mon bonheur qui est trop lourd à moi toute seule – Méchant Toto, vous êtes resté. Pourquoi ? Pour qui ? Voilà ce que je ne sais pas et ce qui ajoute au chagrin de ne pas vous voir – Viens vite mon Toto bien-aimé, viens vite. Tu verras comme je t’aime. Tu verras si je suis heureuse de l’espoir de t’appartenir à tout jamais. Tu verras si j’ai foi en l’avenir. Tu verras quel beau sourire je fais à la vie promise, quelle hideuse grimace à la vie passée.
Viens, viens, mon adoré. Je te désire, je t’aime, je t’admire, je te respecte, je te bénis. Viens, viens, viens donc. Tu m’avais promis d’entendre ma voix quand elle viendrait du cœur. Viens donc, puisque je t’aime.

Juliette

cJ’espère bien que tu viendras demain.

BnF, Mss, NAF 16322, f. 211-212
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon, Blewer]

a) « additionnées ».
b) « toute entière ».
c) Juliette écrit cette phrase le long de la pliure sur la première page.

Notes

[1Il semblerait que Juliette ait joint une fleur séchée à sa lettre. Le 1er septembre, Hugo installa Juliette aux Metz, à quatre kilomètres de la maison de Bertin l’aîné, à Bièvres, où il devait passer deux mois avec sa famille. Les amants se rencontraient dans les bois et déposaient des lettres dans le tronc d’un châtaignier. Juliette y passera à nouveau six semaines à l’automne 1835. (Evelyn Blewer, ouvrage cité, p. 34). Selon Gérard Pouchain, Juliette arriva aux Metz le 31 août (Juliette Drouet ou la dépaysée, ouvrage cité, p. 163).

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