Mardi, 9 h. ½ du soir
Mon cher petit Toto, tu m’as combléea aujourd’hui en me disant que tu m’aimais. Tu as ajouté à ces douces paroles le don d’un monument. Il me semble que c’est bien des choses pour une femme qui ne veut que ton amour, rien que ton amour : je me permets donc de refuser la boîte en question, comme tout à fait inutile maintenant que tu me l’as offerte, et que je l’ai acceptée. Nous en avons extraitb tout ce qu’elle contenait de bon et de doux. Le reste n’est plus qu’un fil plus ou moins retorsa [1] qu’il faut laisser au marchand comme étant plus à son usage : je n’ai non plus rien à t’offrir que mon amour, rien que mon amour, et je désire que tu trouves que c’est assez cétacé. À propos de calembourb, je vous prie de faire accepter à Mlle Didine mon humble petite tasse, en la priant de ne pas la confondre avec les cruches et les pots de sa connaissance, avec laquelle j’ai l’honneur d’être, mon cher petit Toto, la femme qui vous aime le plus dans le monde.
Juju
BnF, Mss, NAF 16322, f. 299-300
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « comblé ».
b) « extraits ».
c) « retords ».
d) « calembourg ».