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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1834 > BnF, Mss, NAF 16322, f. 213-214

Samedi, 10 h. du soir
[18]34a

Mon cher bien-aimé, nous ne sommes pas au bout de nos contrariétés. Tu vas en juger par celles-ci. D’abord, Mme Lanvin est malade et ne sait pas quand elle pourra revenir à la campagne, ensuite, son mari m’a dit que la dette seule de leur loyer s’élevait à près de 500 francs au mois d’avril prochain, époque qu’on ne peut pas devancer puisqu’il aurait fallu donner le congé le 1er octobre pour le 1er janvier. Ainsi, il ne faut pas penser au projet de réunion que nous avions eu. Il paraît que ces jours derniers, les poursuites et les oppositions ont plub chez moi. Manière m’a écrit à ce sujet qu’il espérait amener tout cela à bien, je l’espère aussi.
La portière de ma maison a encore refusé de laisser sortir les meubles de la chambre, sous prétexte qu’elle n’en avait pas reçu l’ordre de son propriétaire. Je viens d’écrire à ce sujet au dit propriétaire. J’espère encore qu’il ne me refusera pas une chose aussi juste que celle que je lui demande. Enfin et pour couronner [l’œuvre ?] de la semaine, M. de Barthès m’attribuant la maladie et bientôt la mort de Mlle Watteville, parce que je lui ai enlevé ma fille [1]. Ceci ne serait que burlesque si cela ne servait d’encadrement à une chose fort triste et dont je suis fort affligée, la maladie de cette pauvre femme que j’aime parce qu’elle a aiméc et soignéd ma Claire, dans un temps où mes soins lui manquaient.
Tu vois, mon pauvre cher bien-aimé, que j’ai bien des sujets d’inquiétude et de tristesse. Je me réfugie dans ton amour et dans ta pensée pour échapper au désespoir qui ne manquerait pas de s’emparer de moi. Je t’aime. Je crois en toi.
eJe suis trop triste pour écrire à M. Pradier. J’ai envie de pleurer. J’ai besoin de me plaindre et ce n’est pas à lui.

BnF, Mss, NAF 16322, f. 213-214
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) Date rajoutée sur le manuscrit d’une main différente de celle de Juliette.
b) « plues ».
c) « aimée ».
d) « soignée ».
e) Dernière phrase écrite le long de la pliure entre la première et la dernière page.

Notes

[1Claire Pradier quitte définitivement la pension de Mlle Watteville le 25 janvier 1836.

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