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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 14 août 1858, samedi, 7 h. du m[atin]

Bonjour, mon bon petit homme, bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, comment vas-tu ce matin ? As-tu bien dormi, mon adoré ? Le docteur a-t-il été tout à fait content de la plaie hier au soir ? J’attends avec impatience de bonnes réponses à toutes ces questions où mon bonheur est si directement intéressé. Jusque-là, ma pensée erre autour de toi sans pouvoir donner à mon cœur une entière et satisfaisante sécurité. Cependant, je sais qu’il n’y [a] aucun danger d’une rechute sérieuse ; mais c’est encore beaucoup trop que de pouvoir craindre un temps d’arrêt dans ta convalescence. J’espère, mon Dieu, qu’il n’en sera rien et que nous pourrons fêter ta guérison complète et triomphante d’ici à quelques jours. Jusque-là, mon bien-aimé, il faut bien t’observer dans tous tes mouvements, ne pas te fatiguer ni le corps ni l’esprit, et ne manger que les choses les plus saines. Quand tu liras toutes ces tendres recommandations incessamment rabâchées, si tu les lis jamais, ce dont je doute, et même ce que j’espère, tu riras bien de leur inactualité, mais cela ne m’arrête pas car il me serait impossible de te parler d’autres choses que de ce qui préoccupe ma pensée, mon cœur, et mon âme nuit et jour : ta santé. À tantôt, mon adoré bien-aimé, puisse ce mauvais temps ne pas entraver le progrès de ta chère convalescence.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 228
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette


Guernesey, 14 août 1858, samedi soir, 7 h. ½

C’est avec une bien grande joie, mon cher bien-aimé, que j’ai constaté aujourd’hui l’apparition réelle de tes forces, si tu avais pu te voir aujourd’hui et te comparer à toi-même hier, tu aurais été frappé, comme moi, de l’heureuse différence d’un jour à l’autre. Je ne doute pas maintenant que tu ne puisses marcher et sortir dans la ville d’ici à trois ou quatre jours. Cette certitude me fait un plaisir que je n’essaierai pas de te traduire parce que je sens que je ne le pourrais pas. Mais ce que je ne cesserai de te demander tous les jours avec la tendresse la plus suppliante, c’est de ménager ta santé autant et plus que ma vie, dont tu prends d’ailleurs plus de souci qu’elle ne vaut. Enfin, mon bien-aimé, je te prierai à mains jointes et de toute la force de mon âme de ne plus faire ces excès sublimes de travail qui finiraient par te tuer si tu les continuais. Je te demande encore de m’aimer un peu et de ne pas me tromper, notre vie à tous les deux dépendît-elle d’un mensonge. Je t’aime.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 229
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

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