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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 décembre [1848], mercredi matin, 8 h. ¼

Bonjour, mon cher petit représentant, bonjour, mon amour adoré, bonjour. Que tu dormes ou que tu sois éveillé je te baise et je t’aime de toute mon âme. Quand donc penseras-tu reprendre l’habitude de revenir le soir me voir ? C’était si bon, si doux, cela me rendait si heureuse et me faisait passer de si bonnes nuits que je ne peux pas m’empêcher de regretter bien fort que tu paraisses renoncer tout à fait à cette charmante habitude. S’il suffisait de te prier pour te la faire reprendre tout de suite, je me mettrais à tes genoux et les mains jointes, je te dirais toutes les litanies [quelques mots illisibles] mais tu es devenu un dieu insensible depuis que tu es passé à l’état de bon représentant [1]. Aussi je n’ai plus d’espoir dans rien. Je vois toutes les illusions s’éteindre les unes après les autres sans pouvoir l’empêcher. Je suis triste et découragée…. Ô mon Dieu ce n’est pas cela que je veux te dire, je [t’aime  ?] voilà tout. [Une phrase illisible] et je ne me reconnais pas le droit de me plaindre.
Cher amour de ma vie, tant que tu m’accorderas le droit de t’aimer, de faire de ta pensée ma pensée unique et de mon amour ma seule occupation, je ne me plaindrai pas. Je serai heureuse autant que je le pourrai et je te bénirai à tous les instants de ma vie. En attendant que tu viennes, je [ligne illisible].

BnF, Mss, NAF 16366, f. 383-384
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette


20 décembre [1848], mercredi, midi ½

Je tiens beaucoup à ne pas perdre mon bout de chemin de l’Académie à l’Assemblée. Où pourrai-je t’attendre surtout si la séance est longue ? Il faudra résoudre cette difficulté car, je te le répète, je veux mon bout de chemin ou la mort. [Deux lignes illisibles] de coin de rue il ne lui manque plus que d’être mis à la LANTERNE pour être tout à fait actuel et national. Par le temps de République et de progrès qui court je ne désespère pas de voir mon bonheur à cette hauteur. En attendant je suis encore sur le pavé de [Juliette ?] au risque d’être prise pour une réactionnaire [coquenarde  ?] et [deux lignes illisibles].
Et ma lampe ? Il ne tient qu’à vous qu’elle ne soit MERVEILLEUSE. Dans l’intérêt bien entendu de votre STORE je vous conseille de l’imbiber d’huile de [seize francs  ?]. Vous verrez tout ce qu’il en sortira et quelle illumination subite de chinois et de coromandel [2] surgira de son bec vraiment merveilleux. Pour cela il ne faut que la [bagarre  ?] [ou 16 francs  ?] [quelques mots illisibles]. Il faudrait être bien représentant pour n’avoir pas 16 francs dans sa poche. Ainsi je ne vous fais pas cette injure à preuve que j’irai en votre nom tout à l’heure commander ce bienheureux talisman. C’esta une idée luBineuse qui me vient tout à coup et sur laquelle vous ne soufflerez pas, j’en suis bien sûre. Voime, voime, homme généreux, je crois cela et [fin de la lettre illisible].

BnF, Mss, NAF 16366, f. 385-386.
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette
[Souchon]

a) « Cette ».

Notes

[1Victor Hugo a été élu député lors des élections complémentaires des 4 et 5 juin 1848.

[2Nom donné à une laque chinoise qui fut créée au XVIIe siècle. Son nom, qui rappelle celui de la côte orientale de l’Inde, lui a été donné par les Anglais. Exporté de Chine vers l’Europe, elle était transportée dans des jonques chinoises sur les navires des ports indiens.

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