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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 15 février 1858, lundi après midi, 3 h. ¼

Pourquoi ne viens-tu pas, mon cher bien-aimé, te sécher et te chauffer auprès de mon feu ? Ce serait pourtant bien le cas aujourd’hui où le ciel a l’air d’un grand sac renversé sur nos têtes. Sans parler de moi qui t’aime, qui te désire et qui t’attends. Qu’est-ce qui peut te retenir dans ta maison bouleversée, ouverte à tous les vents et à toute la pluie ? Encore si tu n’étais pas enrhumé, je comprendrais mieux ton goût pour le froid et l’humidité ; mais avec ta tousserie obstinée, je n’y comprends rien, si ce n’est que je te suis encore plus désagréable que tous les désagréments que je viens d’énumérer, puisque tu les préfères à moi : de tout quoi il n’y a pas de quoi être fière ni me faire trouver le temps plus beau. Du reste, je ne sais auquel mouchoir entendre tant mon nez est exigeant. Je n’ai jamais vu une pareille cataracte nasalea et Suzanne a fort à faire pour me fournir de mouchoirs autant que j’en ai besoin, mais tout cela ne m’empêche pas de trouver que la vie sans toi est bien maussade, et qu’il vaudrait mieux n’en plus avoir que de la trainer à soi toute seule par des temps pareils à celui d’aujourd’hui. Je sais bien que vous vous retranchez derrière vos copeaux et que vous me fermez vos belles portes sculptées sur le nez mais tout cela ce ne sont pas des raisons ni la raison et je ne m’en contente pas. Aussi, dépêchez-vous de venir m’expliquer votre infâme conduite si vous ne voulez pas que je croie TOUT et même DAVANTAGE. En attendant, je vous aime lâchement comme si je vous croyais le plus fidèle des hommes et le plus [illis.] des amoureux, tandis que… Hélas ! Je sais ce qu’en vaut [illis.] de tes rubans [illis.]. Taisez-vous. Je vous attends.

BnF, Mss, NAF 16379, f. 34-35
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « nazale ».

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