Guernesey, 27 sept[embre 18]78, vendredi matin, 7 h.
Bonjour, mon Grand Petit homme, que mon amour soit avec toi et avec ton esprit. Je t’adore. J’espère que tu as passé une bonne nuit digne de la bonne journée d’hier où tout a été charmant, gai et doux. Ta prophétie de beau temps a tenu bon jusqu’à présent ; cependant je crains qu’elle ne se soutienne pas jusqu’à ce soir, ce qui m’empêche de te prier de nous faire déjeuner tantôt au Gouffre [1]. À toi de décider le programme des plaisirs de la journée. Quant à moi, pourvu que tu m’aimes comme je t’aime, je ne demande rien de plus à Dieu ni aux hommes. J’ai oublié de te dire que j’avais passé une very good NIGHTa et que je suis de CHARME ce matin. Et puisque tu as la bonté de t’y intéresser, c’est bien le moins que je te le dise quand cela arrive. C’est aujourd’hui que je dois montrer ma maison à mes trois petites bonnes amies Paule, Marie et Marthe [2]a ; et comme j’y mets de la coquetterie, je vais la passer en revue de haut en bas pour m’assurer que rien ne cloche. À toi ma pensée, mon cœur, mon âme.
Monsieur
Victor Hugo
Hauteville House
Syracuse
Transcription Gérard Pouchain
[Barnett, Pouchain]
a) « NICHT ».
b) « Marte ».