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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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4 avril 1878

Paris, 4 avril [18]78, jeudi matin, 8 h.

Cher bien-aimé, je remplace ce matin la noce de la jeune Parfaite [1] par un bain dont j’ai grand besoin car je me sens fatiguée au-delà de mes forces et j’espère qu’une bonne trempée me reposera et me fera du bien. Autre chose encore, mon grand petit homme, si tu le permets, c’est de te faire penser à écrire à ton cher Paul Meurice que tu veux aller à la première représentation [2] pour lui rendre à ton tour tous les bravos qu’il t’a donnés. Je te demande pardon de mon outrecuidance dont tu n’as que faire mais je profite de l’occasion pour te gratouiller, hors de tour, quelques bonnes tendresses qui débondent mon cœur. Si j’outrepasse mon droit tant pis et j’apporte ma tête. Il faut que je sois hors de service comme je le suis ce matin pour ne pas t’accompagner au moins jusqu’au temple des jeunes mariés. C’est un grand crève-cœur pour moi mais je sens que je ferais une imprudence si je cédais au besoin que j’ai d’être avec toi partout et toujours.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 91
Transcription de Chantal Brière


Paris, 4 avril [18]78, jeudi soir, 5 h.

Pendant que tu noçais, mon cher petit homme, je recevais de Monselet un magnifique bouquet de petites roses de Nice sans autre explication que le récépissé du chemin de fer. Tout en regrettant de ne t’avoir pas accompagné à la noce je m’approuve d’avoir su résister à la tentation tant je suis patraque et harassée. À force de vouloir guérir des courbatures successives par des fatigues réitérées il arrivera un jour où je ne pourrai plus me lever ni m’en relever. En attendant je geins, je souffre et je rabâche. J’espère que le ménage Lockroy dîne ce soir et je suis sûre que les enfants nous resteronta dans tous les cas. Robelin est venu chercher le second volume de l’HISTOIRE D’UN CRIME que tu lui as promis, paraît-il. Si tu penses à le mettre de côté on pourra le lui donner mardi prochain. Tu oublies que je tiens toujours à ta disposition le papier que tu désires modifier. Ce que je t’en dis n’est que pour t’obéir et parce que je crains de le confondre avec d’autres papiers auxquels tu ne tiens pas. Aussi dès que tu le voudras je le serrerai dans une boîte AD HOC qui ferme à clef. En attendant je t’ouvre mon cœur à deux battants.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 92
Transcription de Chantal Brière

a) « resterons ».

Notes

[1Marie Léonie Parfait (1850-1910), fille de Noël Parfait. Victor Hugo est témoin à son mariage.

[2Création de La Brésilienne, le 9 avril au Théâtre de l’Ambigu-Comique.

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