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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 8 février [18]78, vendredi soir

Force nous a été de déjeuner encore sans toi ce matin, mon grand petit homme, ce qui ne contribue pas peu à assombrir cette matinée déjà si obscure et si triste par elle-même. Cela me fait penser que parmi les choses non gaies, tu as une lettre de Mme Edgar Quinet qui demande une réponse immédiate sous peine de lèsea courtoisie et de lèsea pitié. Je ne parle pas des autres lettres intéressantes si on veut et un mot d’Émile de Girardin qui se vante de faire à ton occasion une infidélité à Mme Edmond Adam vendredi prochain. Il faudra, mon cher bien-aimé, que je te mette sous tes yeux aussitôt après ton déjeuner l’aquarelle de John Pradier [1] pour que tu lui en dises quelques mots dimanche soir. Je te prierai en même temps de lui écrire un petit mot qu’il puisse mettre sous ton portrait [2]. Tout cela te prendra peut-être en tout une minute, c’est beaucoup pour toi, mais c’est encore beaucoup plus d’honneur et de bonheur donné à ce pauvre garçon qui n’en ab pas eu beaucoup dans sa vie d’après ce que nous en savons. En attendant je te souris, je te bénis et je t’adore.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 36
Transcription de Chantal Brière

a) « lèze ».
b) « n’a ».

Notes

[1Chargé d’une mission d’inspection à Alger pour le Ministère des Beaux-Arts en 1874, John Pradier y trouva l’inspiration pour plusieurs œuvres, dont l’aquarelle Porte des comptables à Alger, une Tête de Bohême (huile sur toile ?) et un Café Maure qui furent exposés publiquement (les deux premiers à l’Exposition Universelle de 1878, le troisième au Salon de 1880). Le 6 février, il va déposer chez Hugo la première, pour lui laisser le temps de la regarder au jour avant le dîner du dimanche suivant. Au retour de celui-ci, le 10 février 1878, John Pradier notera dans son journal (Cahier des enfants) : « Hugo parla de ma Porte d’Alger dont il n’avait pu s’expliquer l’écusson aux lions verts. Je lui dis que c’était celui de Soliman. Il a trouvé que les peintures rappelaient celles de Pompéi. En effet, tout mur bariolé rappelle cela. Comme il me demandait si c’était la porte de mon musée [le musée d’Alger], je répondis que cette porte était aussi difficile à trouver que celle du ciel, que c’était simplement celle de la plus ancienne forteresse d’Alger. » [Remerciements à Douglas Siler].

[2Le 4 février, John Pradier notait dans son journal (Cahier des enfants) : « Après le bureau, je rentre directement, après avoir acheté, rue de Rivoli, une photographie de Victor Hugo, Lina ayant convenu de la lui porter ce soir pour le prier de nous y mettre une apostille amicale, souvenir précieux, dont j’avais eu idée hier soir à souper, et dont nos descendants ! pourront nous être reconnaissants. » Cette dédicace, accompagnant, sur une feuille séparée, la photographie que Hugo rendra à John Pradier le 10 janvier, au dîner où John et sa femme seront invités chez Hugo en compagnie des Koch, est ainsi formulée : « Au digne fils du grand artiste Pradier. Victor Hugo ». [Remerciements à Douglas Siler].

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