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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 8 janvier [18]78, mardi soir, 3 h. ¾

Il y a pour moi aujourd’hui quelque chose de plus noir, de plus triste et de plus maussade que le temps qu’il fait c’est le regret de n’avoir pas pu t’accompagner au Sénat. Cette tristesse deviendra bientôt, je le crains, le désespoir de mes derniers jours pour peu que je continue à dégringoler comme je le fais depuis quelque temps tous les échelons de la vie. J’ai beau m’arc-bouter contre mon amour je sens bien que tout se dérobe et croule en moi : la vue, la mémoire, la force, le courage, le diable au corps. Je devrais m’épargner à moi-même cet aveu dépouillé d’artifice et je l’aurais fait peut-être si je n’étais pas convaincue que tu as été le premier à t’en apercevoir depuis déjà longtemps. Bon voilà que je déchire mon gribouillis mais il n’en sera que meilleur probablement s’il est vrai que les morceaux en sont bons. Je profite de la cassure pour t’émietter toutes les tendresses dont mon cœur est plein et pour te sourire car depuis que je t’ai revu toutes mes tristesses se sont dissipées comme par enchantement. Tel est ton pouvoir sur moi que dès que je te vois je ne sens plus que la joie et le bonheur de vivre auprès de toi en t’adorant de toute mon âme.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 7
Transcription de Chantal Brière
[Souchon]

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