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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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6 février [1843], lundi matin, 11 h. ¼

Bonjour mon Toto bien-aimé, bonjour je t’aime. Suzanne vient de me dire que tu as oublié d’emporter ta montre. Cela me donne l’espoir de te voir avant que tu n’ailles à ta répétition. En même temps je te demanderai quand je pourrai commencer à me servir de ton laissez-passer  ? Je ne veux pas aller te surprendre pour la première fois. Mais ensuite je serai moins scrupuleuse, je t’en avertis.
Pauvre ange du bon Dieu, as-tu pris quelque repos cette nuit ? Tu étais épuisé de fatigue hier et je voudrais bien savoir que tu as pris un peu de sommeil pour ma tranquillité.
Il faut espérer que ce mois-ci passé tu seras moins étouffé d’affaires et que tu pourras mettre quelques heures de repos les unes au bout des autres. J’attends ce moment-là avec bien de l’impatience car j’espère que j’en aurai aussi un pour moi de ce bon repos ; en attendant, il faut tâcher, mon cher adoré, de ne pas succomber à la peine et de n’en pas prendre au-dessus de tes forces.
Tu me diras ce qu’ila faut que j’écrive pour le fils de Mme Krafft afin d’avoir [mes ? ses ?] renseignements ainsi qu’à Démousseau pour qu’il fasse faire cet acte de la Ribot. Je la verrai probablement aujourd’hui mais à coup sûr demain. J’espère que ce sera la dernière fois grâce à toi mon cher bien-aimé.
Je voudrais pouvoir t’aimer plus mais cela n’est pas possible, mon Toto, il faut que tu te contentes de mon amour d’il y a dix ans ; il est vrai qu’il n’y en a jamais eu et qu’il n’y en aura jamais de plus tendre, de plus profond, de plus admiratif, de plus dévoué et de plus passionné. Je voudrais baiser vos quatre petites pattes.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16351, f. 119-120
Transcription de Olivia Paploray, assistée de Florence Naugrette

a) « qui ».


6 février [1843], lundi soir, 6 h.

J’espérais, mon Toto chéri, que le besoin de votre montre se ferait assez généralement sentir pour vous engager à venir la prendre chez moi dans la journée. Il paraît que je me suis trompée, comme je me trompe chaque fois que j’espère vous voir. L’heure de la répétition est bien passée, est-ce que tu ne vas pas bientôt venir, mon Toto chéri ? Si tu tardes plus longtemps, ce sera l’heure de ton dîner et tu ne viendras plus après qu’à des heures indues. Moi pendant ce temps-là je serai bien triste et bien malheureuse. Dépêche-toi donc de venir mon amour pour que j’aie un peu de joie à étendre sur cette longue soirée que je dois passer seule.
Je n’ai pas vu la Ribot, ce sera pour demain sans aucun doute. Si tu as un moment ce soir, si tu n’es pas trop las, tu me dicteras les lettres pour le petit Krafft et pour M. Démousseau. Je crois que je vais me décider ce soir à faire tous mes comptes, ce ne sera pas malheureux. Enfin il vaut mieux tard que jamais, dit le proverbe. Mais pour ce travail je serais d’avis qu’il vaudrait mieux jamais que tard. Enfin je vais le faire s’il ne me survient pas un empêchement quelconque ou un accès de paresse.
Jour Toto, jour mon cher petit o. C’est joli ce que vous avez fait hier au soir, voime, voime, c’est du propre et du spirituel. Je ne vous conseille pas de recommencer à moins que ce ne soit pour mieux faire.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16351, f. 121-122
Transcription de Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

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