16 juin 1856

Guernesey, 16 juin 1856, lundi après-midi, 2 h.

Cher bien-aimé, je suis presque folle de mal de tête. Je vais essayer tout à l’heure de sortir pour voir si cela me calmera un peu. Je prendrai pour but de ma sortie une visite aux Préveraud et une apparition chez ma couturière qui vient de m’envoyer des choses dont je ne peux pas me servir. De là je reviendrai ici par le chemin d’en bas près de l’église. Je compte partir à peu près dans une heure et être de retour à cinq heures, c’est-à-dire environ deux heures dehors. Peut-être serai-je assez malencontreuse pour que tu viennes pendant ce temps-là mais il ne tient qu’à toi de ne pas m’en faire trop repentir en venant au devant de moi soit chez les Préveraud ou la couturière selon l’heure qu’il sera car c’est par la couturière que je terminerai mes courses. En attendant je tiens ma tête à deux mains, ce qui n’est pas un remède bien héroïque et je t’aime de toutes mes forces. Quoique nous ne soyons convenus de rien hier au soir je ne pense pas que ma sortie te déplaise car sans cela je m’abstiendrais. Il m’en coûte déjà beaucoup de sortir toute seule et il faut que je sois bien souffrante pour m’y décider. À tantôt, mon cher adoré, à tout à l’heure peut-être, je le désire autant que je t’aime.

BnF, Mss, NAF, 16377, f. 174
Transcription de Chantal Brière